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Channel: L'Etudiant Malien
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Génération pas de chance!

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Il est vrai que sur Mondoblog, le temps est propice à la « coécriture » de billets destinés à célébrer la très désormais fameuse formule « Génération consciente, génération causante ». Ah, comme c’est aussi émouvant de voir (ou lire) sur Mondoblog l’interview que le bloguer guinéen Mamady Keïta, depuis Ukraine, a accordée à Fatouma Harber qui, par ailleurs, trouve là un moyen d’échapper aux violentes informations et autres inepties qui s’écrit et se dit sur son pays, le Mali, pris dans le vertige d’une guerre qui ne dit toujours pas son nom! Et sans me fier à une des règles très connue de la concurrence – celle qui consiste à ne jamais apprécier le produit de l’autre- je suis d’avis que tous ces billets ont le mérite de permettre à des jeunes qui ne partagent rien en termes d’éducation, de culture et que sais-je encore, de faire savoir qu’ils ont une aspiration commune: celle de voir se briser les frontières que l’histoire et la géographie ont établies, et que, aujourd’hui des grands mots tels que le droit international, la communauté internationale, la diplomatie…s’acharnent à maintenir et renforcer. C’est aussi la concrétisation d’une envie d’aller à la rencontre de l’autre, qui secoue les mentalités aujourd’hui. Oui, Mondoblog a réduit à sa manière les frontières.
A la différence de mes sincères et braves confrères, j’ai décidé de m’intéresser à cette catégorie naissante qu’on appelle ici, à défaut et  par la force des choses, « Génération pas de chance ». L’expression, je l’ai entendue pour la première fois le lundi dernier dans une amphithéâtre de la Faculté des Lettres et des Sciences du Langage de Bamako. Il était 9 h lorsque le responsable de la classe de retour de l’administration a annoncé que la grève des enseignants, dont j’ai parlé dans un récent billet (1) se poursuit. « Génération pas de chance, s’est écrié un étudiant. Notre génération a raté le train de la chance. Le rattraper demandera des efforts bien incroyables. » Des rires mêlés d’inquiétudes ont fusé. On riait d’un rire dont je pense qu’il nous a été arraché, sinon ce qui a été dit ne doit pas y prêter. Rires malsains. Ils m’ont insupporté, ces rires.
Génération pas de chance. Il s’agit, comme vous l’avez deviné, de cette jeunesse, étudiante, qui a eu le malheur de se retrouver dans une Université caractérisée par le chaos, où les études sont le cadet des soucis. L’ Étudiant, le professeur, l’administration s’en tapent comme de leur dernière chemise! C’est une génération qui accumule les diplômes pour les déposer « aux offres d’emploi du chômage ». Qui n’a rien et qui court le risque de ne rien avoir. Qui prend du thé, fume…jour et nuit pour refouler -au sens où l’entend Freud- le sort malheureux auquel la vie l’ a condamnée. Qui mange aujourd’hui en s’inquiétant pour le lendemain. Qui…qui pense désormais que les études sont un cul-de-sac. Cette génération n’est ni consciente, ni causante; elle n’a pas de chance, c’est tout. Encore plus grave, elle ne se donne pas la peine, comme Nicolas ou Danielle, de s’exercer à écrire et s’occuper en lisant. Non, elle se plait à pleurer sur son sort, se pose en victime, passe le clair de son temps à faire un procès d’intention à un pays qu’elle juge coupable d’empêcher son épanouissement, cède à la facilité. Pour dire les choses de façon simple, Génération pas de chance n’est aussi que l’opposée de Génération consciente et causante!

(1) Paysage d’une période de grève, Mondoblog
Boubacar Sangaré


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