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Channel: L'Etudiant Malien
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Au secours, le Mali bout à 100°!

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Navrantes scènes que celles auxquelles les bamakois ébahis ont assisté les samedi et lundi derniers! Des pneus brûlées, des barricades dressés, le pare-brise des « SOTRAMA » brisé, des journalistes rossés par les forces de l’ordre… On se serait cru, à en croire au chapelet de témoignages de certains confrères, à Hollywood en train de visionner un film.
Reprenons par le début et intéressons-nous au mobile de cette descente dans la rue d’une partie de la population de Bamako. Dès que le Syndicat National des Transporteurs et Conducteurs du Mali (SYNACOR)a décidé, unilatéralement, d’augmenter le prix du transport en commun (ici, l’appellation consacrée est SOTRAMA) en ajoutant 50 fcfa, il y a de cela une semaine, on sentait la colère monter dans les rues. La décision était devenue le cœur des causeries dans les familles, dans les rues voire dans les « SOTRAMA ». « Effectivement, depuis hier soir(le dimanche), on incite les gens à marcher contre la montée des prix de transport des ‘SOTRAMA’ », m’a confié Marie, une amie, qui habite Bacodjicoroni, un quartier connu comme un loup blanc pour avoir été le théâtre des affrontements entre les bérets rouges et les bérets verts.
Il faut d’abord relever que les manifestations qui ont empêché les « SOTRAMA » de rouler les samedi et lundi derniers sont une véritable démonstration de force destinée à briser le carcan du beni-oui-ouisme dans lequel les maliens, dans leur écrasante majorité, étaient enfermés. Aussi, sans être péjoratif à l’égard du syndicat, force m’est de dire que sa décision d’augmenter le prix des transports en cette période, est une flagrante étroitesse d’esprit qu’il est impossible de cautionner. Car les temps ne sont pas durs que pour le syndicat et ses militants (les chauffeurs); ils le sont aussi pour tous ces hommes, femmes et enfants qui empruntent chaque matin la « Sotrama » qui pour se rendre à l’école, qui pour se transporter dans le centre-ville… En clair, ils (le syndicat et les populations civiles) sont tous victimes de la rupture du lien qui les liait aux gouvernants: une population déjà éprouvée par la crise politico-institutionnelle qui a frappé le pays, doit encore faire face à une explosion du prix des denrées de première nécessite, des transports, du gaz, de l’électricté…C’est une population abandonnée, vivant dans la loi du « chacun pour soi, les perdants sont les plus démunis » Silence radio chez les gouvernants!
Que dire aussi de la brochette de policiers qui, pour disperser les manifestants, n’a pas hésité à user de gaz lacrymogènes, de matraques sans même faire de quartier…? Disons tout simplement que cette police mal équipée, mal formée, mal payée et peu motivée, agit toujours comme vivent les maliens: très mal. »Je photographiais en catimini la scène d’embarquement d’une femme qui manifestait lors qu’un policier m’a dit de lui donner l’appareil; je me suis exécuté. Brusquement, j’ai pris sur la figure une dégelée. Ils se sont rués sur moi, me battaient,me piétinaient. Et lorsque j’ai pu m’échapper, je me suis enfui en laissant là ma moto… », m’a raconté Mountaga Diakité, journaliste-reporter à L’Agora. Une agression contre un journaliste qui vient s’ajouter à une liste déjà bien longue.
Ils demeurent d’autres scènes maintes fois entendues dans les échanges avec des confrères qui ont couvert les manifestions. Mais le moins que l’on puisse dire, c’est qu’au rythme où vont les choses au Mali, d’autres manifestations de cette farine sont possibles, avec des bilans effarants en termes de violences. Il est temps que les autorités maliennes se réveillent et résistent à cette tentation de diriger le pays avec des discours!
Boubacar Sangaré


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