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Mali : IBK, un an après…

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Ibrahim Boubacar Keïta, Président de la République du Mali

Ibrahim Boubacar Keïta, président de la République du Mali.

Le 11 août 2013,  le candidat du Rassemblement pour le Mali (RPM), Ibrahim Boubacar Keïta, a raflé la mise au second tour de la présidentielle avec 77,6 % des suffrages. Un véritable plébiscite, un raz-de-marée qui a achevé de le convaincre de la totale confiance que les Maliens avaient en lui pour desserrer l’étau de la crise sécuritaire et institutionnelle ayant ébranlé le pays. Un an après, où en est la situation sociopolitique au Mali ?

C’est un pays complètement groggy qui a dit oui à Ibrahim Boubacar Keïta il y a un an. Un foireux coup d’Etat, une rébellion armée qui a précipité le passage des trois régions du Nord-Tombouctou, Gao et Kidal- sous le contrôle des hordes de barbares d’Aqmi, du Mujao et d’Ansar Dine, jetant ATT et son régime sous les feux des médias locaux et étrangers, lesquels s’accordaient à parler d’un pays plongé dans le marais de la corruption, le gouffre d’une vacuité politique et d’une faiblesse de l’Etat, l’absence de justice… Un pays dévasté.

« Le Mali d’abord », c’est le slogan de campagne qui a raffermi l’espoir des Maliens, et les a amenés à voir en IBK celui qui permettra à ce pays de tourner la page sombre de la crise. Et IBK savait mieux que personne que les chantiers sont vastes : éducation, justice, emploi, armée, réconciliation nationale, diplomatie… Autant dire que c’est un pays où tout est à refaire.

Mais vite, ceux qui espéraient que l’élection allait être un coup de baguette magique, ont laissé s’exprimer leur impatience vis-à-vis d’un pouvoir qui sait pourtant qu’il faut du temps pour apaiser 21 mois de chaos et près de 20 ans de laisser-aller.

Arrestation du capitaine Sanogo, l’élection au poste de président de l’Assemblée nationale de Issiaka Sidibé (qui est le beau-père de Karim Keïta), affaire Tomi, candidature de Karim Keïta aux législatives, avion présidentiel… ce sont là quelques événements d’intérêt puissant qui ont marqué l’an I de l’élection d’BK, et qui lui ont valu d’être au centre des critiques plus dans la presse qu’au sein de l’opposition politique. On lui reproche une gestion à la diable de l’Etat, une tendance à l’installation d’une oligarchie. Dans la presse, on en est même arrivé à détourner la Trinité avec l’élection de l’honorable Issiaka Sidibé en « Au nom du père, du fils, et du…beau père ! ». Le slogan de campagne « Le Mali d’abord ! » a aussi été détourné en « Ma famille d’abord ! »

Une opposition qui ne veut pas la mettre en veilleuse…

A la différence de ces prédécesseurs, IBK n’a pas à faire à une opposition qui la met en veilleuse et laisse faire. On a souvenance du Mémorandum polémique que le Parena de Tiébilé Dramé a publié sur les sept premiers mois du quinquennat du président de la République, lequel a suscité chez les tisserands du RPM des insultes, des réactions vives à destination du parti du bélier blanc. D’aucuns ont décelé dans la réaction du RPM une ignorance du principe selon lequel la politique, comme la pensée, progresse par la critique. Le Parena a récidivé en tenant une conférence de presse donnée par son président, avec comme thème « Situation politique nationale : comment sortir de l’impasse ? ».

Il y aussi eu la motion de censure introduite à l’A.N par l’opposition pour abattre le gouvernement Moussa Mara. Mais elle n’a pas passé, et nombreux sont ceux qui sont convaincus que c’était une initiative de la majorité présidentielle pour « couillonner » le peuple.

Pour le grand bonheur du régime d’IBK et de la démocratie malienne, il existe une opposition qui surveille, alerte et qui semble dire « Attention, quand il y a dérive, je suis là et je protesterai… »

Même si, et malheureusement, elle plonge le plus souvent dans la passion et les calculs politiciens. Ou du moins en abusant de son statut.

L’inévitable négociation avec les groupes armés du Nord…

On le sait, l’intransigeance dont IBK a fait montre dans ses discours sur la situation au nord du pays lui a valu la sympathie de beaucoup au sein de l’électorat, qui voyait, impuissant, le pays se déglinguer, s’installer dans une menace de partition. C’est donc pour restaurer l’Etat de droit, la stabilité qu’IBK a été élu. Mais celui qui se disait intransigeant vis-à-vis des revendications séparatistes des rébellions MNLA, HCUA…, a été rattrapé par la réalité qui, vue sous toutes ses facettes, indiquait que la négociation est inévitable.

Aujourd’hui, tout le monde le sait, l’avenir du régime d’IBK dépend de l’issue favorable de ces négociations dont la première étape démarrera le 1er septembre à venir à Alger entre le gouvernement et les groupes armés.

Un gouvernement qui mène une vie de bâton de chaise…

En seulement un an, IBK a eu deux premiers ministres : Oumar Tatam Ly et Moussa Mara. Le premier a démissionné à cause d’une cohabitation devenue difficile avec le président dont les camarades du RPM et certains ministres voulaient sa tête. Moussa Mara l’a remplacé à la tête de l’exécutif et se retrouve sous les feux des critiques. Et des rumeurs, qui ne sont jamais anodines, disent qu’il souffle dans l’air des indices de remaniement au sein du gouvernement. Certaines informations vont jusqu’à dire que la Communauté internationale aurait choisi Soumaila Cissé pour diriger l’exécutif…C’est un gouvernement qui vit sous le coup d’une menace de rupture permanente. C’est un gouvernement qui a passé plus de temps à gérer les crises politiques qu’à faire le travail qui lui a été confié. C’est surtout un gouvernement, dont le chef a reçu moins plus de contributions politiques que d’appels demandant son départ.

Cherté de la vie, un préavis de grève du 20 au 22 août prochain déposé par l’UNTM pour réclamer de meilleures conditions de travail et la baisse des tarifs d’eau et d’électricité, gestion des affaires foncières, système éducatif, dialogue de sourds entre majorité et opposition à l’assemblée, gel de l’aide financière de l’institution de Bretton Woods ( FMI) et la Banque mondiale avec comme résultat une économie plombée…voilà des tâches qui, un an après, se dressent comme des épines sur le chemin d’IBK.

Qu’à cela ne tienne, l’espoir est permis.

Boubacar Sangaré

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