La question de l’intervention militaire au nord du Mali, qui était devenue une espèce de foire d’empoigne entre les « va-t-en-guerres » et les « pacifistes », a désormais sauté l’étape des parlottes interminables. Les armes ont parlé: la guerre est déclarée.
On le sait, cela fera bientôt un an que le Mali est le théâtre d’une crise sociopolitique dont la résolution a, jusqu’ici, fait l’objet de tiraillements entre le Mali et nombre de pays voisins et de la communauté internationale qui, pour la plupart, étaient d’avis de privilégier l’option politique, consistant à réunir le Mali et les deux groupes rebelles, à savoir Ançar Eddine et le MNLA, autour de la table des négociations. Blaise Compaoré, au nom de la CEDEAO, menait une médiation dans ce sens. Cependant que les deux autres groupes estampillés terroristes, que sont AQMI et MUJAO, allaient subir un délogement par une intervention militaire.
Comme il fallait s’y attendre, les fruits de la médiation n’ont pas dépassé la promesse des fleurs, d’autant qu’aucune des parties appelées au dialogue, ne voulait céder la place sur ses revendications respectives. Un dialogue de sourds qui ne mènerait nulle part, à part de faire perdre leur temps aux autorités maliennes de transition. C’est ainsi que, imbus d’eux-mêmes, la brochette de fripouilles d’Ançar Eddine, du MUJAO et d’AQMI… ont annoncé la couleur : ils ont voulu se transporter vers le Sud du pays, s’attaquant du coup aux positions de l’armée régulière à la frontière, artificielle, qui sépare les deux parties du pays. Mais ce qui frappe le plus, c’est que l’offensive des islamistes a été faite au nom d’Ançar Eddine qui était tenu, même aux yeux de la communauté internationale, pour interlocuteur de poids dans la recherche d’une solution politique à la crise. Alors, qu’est-ce qui explique ce volte-face du mouvement islamiste qui, à un moment donné, avait ouvert la voie au dialogue avec l’Eta malien ?
Dans un récent éditorial* du Quotidien d’Oran, M. Saadoune écrit : « Une autre explication_ qui n’est pas sans fondement_ expliquerait ce qui se passe par des profondes divisions au sein d’Ançar Eddine. Une partie des dirigeants islamistes targuis refusent, comme l’exige le conseil de sécurité et comme le demande l’Algérie, de se désolidariser des groupes terroristes. » Et de relever que « l’option politique est entrain de perdre au Mali et la guerre tant redoutée avance à grand pas. »
Par ailleurs, l’intervention française au Mali n’a pas manqué de déclencher des réactions aussi positives que négatives. En France, nombreux sont-ils à se demander pourquoi le Parlement français n’a pas été consulté, en dépit du fait que la politique extérieure relève des prérogatives du président. Et certains commentateurs sont allés jusqu’à déceler dans cette intervention une volonté de pérenniser la Françafrique… Mais là où toutes ces questions et observations deviennent un poids mort, c’est de dire que la France ne pouvait pas ne rien faire et laisser le Mali passer sous la dure férule des groupes islamistes.
Au moment où tous ont l’attention captivée par l’évolution de la chasse aux islamistes, les faux rejetons du MNLA dont l’indécence ne désarme jamais, ont encore mis en garde l’armée malienne contre une avancée dans le Nord du pays. Une propagande de déjà-vu pour juste ne pas se faire oublier, surtout que dès l’entame des hostilités ils ont cherché où se donner de la tête et ont trouvé refuge, pour la plupart, en Mauritanie. Ce que beaucoup de confrères dans les Agences de presse ou les organes ont considéré comme ‘’une inquiétude du MNLA’’, n’est à dire vrai que pure mascarade, d’autant plus qu’il reste évident qu’aujourd’hui le MNLA n’existe que sous son enveloppe! Outre le massacre d’Aguelhok dont il s’est rendu coupable, il porte une grande responsabilité dans la déstabilisation du pays. Le MNLA a fait du mal à tout le Mali.
Boubacar Sangaré